« Nii-chaaaan ! T'es en retard ! »

La jeune fille l'avait crié en rigolant, consciente qu'il aurait fallu le réveiller avant. Sournoise et enjouée, elle attendait toujours qu'il soit trop tard pour sortir son frère de son sommeil. Et elle savait qu'il ne décollerait pas avant de longues minutes. C'était un jeu sadique  auquel les deux jeunes se prêtaient souvent. Attendre le dernier instant pour dire à l'autre de bouger ses fesses. Malheureusement pour Hayate, sa sœur perdait très peu. Et lui, il n'aimait pas se presser pour aller en cours.

Sa vie n'était donc pas palpitante du tout. Une vie normale, mais plaisante, à envier pour certains et largement satisfaisante pour la petite famille. Cette dernière était composée de Hayate, sa sœur, et sa mère. Celle-ci travaillait souvent, laissant ainsi ses deux enfants se débrouiller seuls. Ce n'était pas un problème, avoir l'appartement pour eux seuls signifiait  qu'ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient. Ils appliquaient ça à merveille. Les plaintes des voisins n'étaient pas rares, tant ils foutaient le bordel. Mais ils rangeaient. Avant que leur mère ne rentre, ils remettaient de l'ordre. Même les chats n'étaient pas aussi effrayants que la colère de madame.

L'entente dans la fratrie était tumultueuse, mais ils ne se détestaient pas. D'ailleurs, ils traînaient ensembles et partageaient les mêmes amis. Avec seulement un an de différence, ils étaient très proches. Entre les deux têtes brûlées qu'elle avait pour enfant, inutile de cacher l’inquiétude de la mère de famille. Tous les deux sur la même longueurs d'ondes, aucune occasion n'était écartée pour s'amuser, aussi dangereuse l'activité fut-elle. Et si les amis ne suivaient pas, c'était rien, ils le feraient sans eux. C'est arrivé deux fois qu'ils finissent au poste de police. Là, ils furent sévèrement punis. Mais ce n'était pas ce qu'il fallait pour les empêcher de continuer.

Sa peur des chats vient du jour où, gamin, il fut agresser par un chat sauvage. Il aurait pu y laisser un œil, et son jeune âge fit qu'il tînt les chats en horreur dès cet instant. Il l'avait en parti chercher, mais quand on est enfant, on ne se rend pas bien compte du danger. Titiller l'animal avec un bâton pour tester sa réaction était une idée désastreuse. Résultat, il n'eut qu'un lapin pour animal de compagnie, c'était ce qui lui semblait le moins dangereux. Et c'était, et c'est toujours, son animal préféré.

« Hayate ! Hayate ! Ton... Ton crayon est en train de fondre ! »

L'alerte de son amie le tira de ses pensées. En effet, sa main était en feu et son crayon commençait à se ramollir. Il balança immédiatement le bâton de plastique pour secouer sa main en urgence. Le feu ne brûlait pas sa peau, mais il était bien présent. Personne dans la classe ne comprenait la situation, et le concerné encore moins. Il sortit de la salle, paniqué comme jamais. Le feu ne s'éteignit que lorsqu'il plongea sa main sous l'eau d'un robinet. Avant que le feu ne se déclenche, il réfléchissait à son professeur. Un prof qu'il ne supportait pas, qu'il trouvait dangereux. Il s'était permis des remarques déplacés sur sa sœur, et ce n'était pas la première fois. Il méritait largement de cramer vif.

Il ne retourna pas dans la salle de classe et rentra directement chez lui, inquiet et intrigué par sa découverte. Il se précipita directement vers sa sœur pour lui en parler. Celle-ci séchait les cours, comme son frère lui avait si bien appris. Il ne put pas lui montrer le phénomène, ne contrôlant rien, et elle ne le prit pas au sérieux. Rien d'étonnant, il savait qu'elle réagirait comme ça sans avoir de preuves. N'empêche qu'il trouvait ça cool, de se transformer en flambeau. Encore fallait-il qu'il puisse contrôler la chose. Le soir même, il mit le feu à la salle de bain en s'énervant contre un robinet défaillant, additionné au stress de la journée. Heureusement, les flammes furent maîtrisée rapidement.

En faisant quelques recherches là-dessus, il découvrit l'académie Kaeiji. Sa mère ne fut pas difficile à convaincre, elle avait bien eu peur par rapport à l'accident de la veille.