Des volets claquèrent, le sifflement détestable du vent résonnait dans le silence froid. Le bruit singulier du bois brûlant dans l'âtre et le bruissement de couvertures complétaient cette étrange symphonie nocturne. Mihaïl fixait le plafond de sa chambre, écoutant les bruits environnants et tentant d'entendre ses parents qui dormaient dans la pièce voisine. Il les entendait bouger mais aucune parole ne lui parvenait. C'était souvent ainsi. Il mettait du temps à s'endormir. Auparavant, ses parents se disputaient souvent le soir lorsqu'ils croyaient être seuls. Il les écoutait en silence, attentif. Puis, les cris et les reproches, les répliques acerbes et les piques acérées avaient laissé place au silence. C'était peut-être mieux. C'était peut-être pire. À vrai dire il ne pouvait pas juger. Il n'avait que dix ans et à cet âge, les enfants ne réfléchissent pas à ce genre de chose.
Mihaïl est un enfant-roi. Issu de deux parents aisés, la majeure partie de ses caprices sont exaucés. Cette manipulation, ce pouvoir qu'il exerce sur les gens lui plait. Tout autant que cela l'ennuie. Certes il obtient ce qu'il veut quand il le veut mais on ne lui témoigne pas l'attention qu'il demande. Son père travaille dans une grosse entreprise presque six jours sur sept. Il passe son seul jour de repos avec ses amis, sur le canapé ou encore sur son ordi. Du côté maternelle, ce n'est guère plus glorieux. Femme d'affaire, elle travaille normalement. Mais même au domicile familial, elle ne quitte pas son attitude froide et sévère qu'elle affiche au quotidien.
La famille vit. Ceux sont des étrangers de même sang au sein d'une même demeure. Mihaïl commence à fuir le domicile familial. Il a seulement treize ans mais la tension constante qui règne chez lui l'insuporte. Le jeune homme commence à s'intéresser à la genre féminine. Des objets. Utiles mais inintéressant. Elles sont agréables pour une nuit et ne servent à rien le lendemain. Deux années s'écoulent à nouveau. L'adolescent découché presque tout les soirs chez une compagne différente.
Petit à petit, il se découvre une attirance pour les plaisir charnels en compagnie d'hommes. Mihaïl a ce qu'il souhaite bien que cela soit irrégulier: de l'affection.  Ses résultats scolaires sont plutôt corrects. Il travaille peu mais a certaines facilités. Son avenir l'intéresse peu. À quoi bon y penser alors qu'il a simplement ce qu'il souhaite. Le lycée devient son terrain de chasse favori. Peu de personne lui résistent et ceux qui osent lui tenir tête le regrettent tôt ou tard. Son visage parfait et sa voix si envoûtante sont ses meilleurs atouts: l'adolescent sait exactement comment obtenir ce qu'il souhaite. Ses parents ne lui accordent plus d'intérêt. Il a l'impression de n'être plus qu'une nuage de brume pour eux. Ça le rend malade.
Mihaïl commence à sécher les cours. Ses résultats sont en chute libre et personne ne parvient à comprendre ce qu'il lui arrive. Ses parents sont convoqués. Enfin, le jeune homme a l'impression d'exister un peu à leurs yeux. Ça ne dure que quelques minutes. Son père prend la parole. Lui et sa femme doivent partir en voyage d'affaire. Mihaïl sera seul. Sa rage explose. Il insulte ses parents qui restent inertes devant ses propos. L'adolescent quitte l'établissement en trombe. Il n'y remettra plus les pieds, tout comme chez lui. Sa colère l'emplit. Il frappe dans un mur avec violence en poussant un juron. Puis, il voit le sol plus près. La panique le submerge un instant et il lève la tête pour s'observer dans la vitrine d'une boutique. Un puma. Son reflet est celui d'un animal. Mihaïl n'est pas plus désorienté que ça. Il s'en fout. Il enchaine les coups d'un soir, les soirées. Il veut juste oublier un peu, être le centre de tous les regards. Puis un matin, alors qu'il est à moitié réveillé, il entend parler d'une académie. Une académie pour les gens exceptionnels. Le petit écran de la tv a capté son attention.
Une semaine plus tard, il se rend à la fameuse académie.